making-of

Châle Fukinsei – My Zen garden

Bon, je crois que le moment pour parler de ce modèle est enfin arrivé.

Le châle Fukinsei – My Zen garden – est ma première (et peut-être la dernière !?) création sur commande ! Après la publication de Treasure knitting, un livre sur le Népal et la Mongolie qui inclut 5 modèles de Eri Shimizu, Nomad noos s’est lancé dans un livre plus « japonais » dont le thème est wabi-sabi, et elles m’ont demandé d’y participer en tant que éditrice technique et créatrice.

Mais n’avez-vous jamais entendu ce mot wabisabi ? Il est en fait extrêmement difficile à définir, mais je vais essayer de l’expliquer brièvement.
Wabi-sabi est une esthétique japonaise, née d’abord dans le domaine de la cérémonie du thé vers le XV-XVI siècles. Les maîtres du thé de l’époque, influencés par la philosophie bouddhique de zen, ont commencé à priser des ustensiles très simples créés par des artisans locaux, à la place des bols extrêmement raffinés et onéreux importés de la Chine. Ils voyaient la beauté dans des objets simples, imparfaits et impermanents, et cette esthétique a non seulement influencé tous les domaines d’art au Japon mais aussi devenue une sorte de philosophie.

Cette esthétique est profondément ancrée dans notre esprit. Vous savez peut-être que nos créations artisanales sont régies par une conception d’artisanat différente de celle d’Occident – elles ne sont pas parfaites, pas parfaitement rondes ou symétriques et on peut même voir les traces de main de l’artisan sur les poteries. Vous savez peut-être aussi que les Japonais adorent les cerisiers en fleur. Nous les apprécions d’autant plus que cette beauté est éphémère.
Comme philosophie wabisabi vous enseigne de vivre l’instant présent pleinement, une sorte de carpe diem quoique non dans le sens épicurien du terme, et de trouver le contentement dans ce que vous avez, car rien n’est permanant. La cérémonie du thé aussi, respecte et suit de très près l’évolution des saisons, du temps, de la nature, en changeant de décor (compositions florales, kakemono…), ustensiles, et pâtisseries accompagnant le thé, afin de ressentir l’instant et être en harmonie avec la nature.

Tout ceci est ce que j’ai compris au fil des lectures, ou en demandant à une amie qui pratique (et qui peut même enseigner) la cérémonie du thé 😅
Alors pour une Japonaise moyenne que je suis, wabisabi est un concept que vous sentez ou pas en voyant des objets, des paysages ou des décors. On le sent surtout lorsqu’on est en face d’un objet ou décor très sobre, qui nous procure un sentiment de sérénité.

La première chose qui m’est venue à l’esprit est le jardin zen du temple Ryôan-ji de Kyôto et ces vagues dessinées au râteau. Et je pense que le wabisabi est lié, dans le cœur de tous les Japonais, aux temples et aux paysages de Kyôto, et je dirais aussi que l’eau et son bruissement en fait partie.
Nous avons en fait la chance d’habiter pas très loin de la mer et d’y aller facilement – à moins d’une heure en voiture de l’Océan atlantique. On ne fait rien à la plage, juste assis en face de cette étendue d’eau, et bercés par le bruit des vagues qui viennent et se retirent régulièrement, mais en fait irrégulièrement car aucune vague est identique.
J’ai donc voulu créer un châle qui reflète à la fois mon côté japonais et ma vie que j’aie ici, avec des motifs de vagues partout. En tant qu’une Japonaise, j’avais bien évidemment le Seigai-ha (motifs de vagues géométrique japonais) en tête, mais les vagues devaient être beaucoup plus libres, comme des vraies vagues, pour suivre ainsi le sous-thème fukinsei, irrégularité qui m’a été attribué.

Le châle commence avec quelques mailles et les vagues sont dessinées avec des côtes torse.

Le principe de châle est simple et régulier : les vagues se forment et se reforment avec les mêmes augmentations et diminutions. Je dois en revanche avouer que j’ai dessiné les vagues librement, à la manière des flots qui ne sont jamais les mêmes, en poussant ce principe d’irrégularité jusqu’au bout.

La laine que j’ai reçue de Nomad noos est la Dry Desert Camel, laine de catégorie light-fingering (très fin) 100 % laine de chameau et filée à la main par des Népalais.

Elle est incroyablement fine pour une laine filée à la main et paraît très régulière, mais elle n’est pas aussi « parfaite » que la laine produite avec la machine, et rejoint sur ce point le concept de wabisabi. Dans les mains, elle est douce, c’est un régal, et grâce à une torsion forte, les mailles sont nettes et rendent très bien le mouvement des vagues. Le tricot est très fin et a un beau drapé.

C’est plutôt une châlette qu’un châle, mais assez grand tout de même pour envelopper vos épaules.

Et grâce à la légèreté du tricot, vous pouvez aussi porter comme une écharpe.

Le patron est disponible en ce moment uniquement dans le livre Wabisabi, et en anglais. Vous pouvez l’acheter au site web de Nomad noos où il y a aussi le kit de laine (j’ai utilisé le coloris Seven Wonders of Noos). Ils ont aussi des revendeurs dans le monde entier, et certains ont le livre aussi ! Allez voir la page < href="https://nomadnoos.com/store-locator/" rel="noopener" target="_blank">store locater.
Nous préparons une petite surprise. En attendant, je vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année !

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